La Clef des Chants – Dragey
„O.M.N.I. (Objets Musicaux* Non Identifiés)“
*ou
Magiques
Mystérieux
Multiples
Mystiques
… et plus selon votre imagination
10 mai 2023
« À chaque effondrement de preuves le poète répond par une salve d’avenir. »
René Char
Bonjour à vous, avec aujourd’hui une petite perle style „pochette surprise“ !
Nous connaissons tous le Beethoven des symphonies, bien entendu, celui des quatuors, des sonates, pour piano, pour violon. Mais franchement, qui connaît les Lieder de Ludwig van Beethoven ? Et pourtant il en a écrits, durant toute sa vie ! Plusieurs cycles de Lieder, dont entre autres „A la bien-aimée lointaine“, le plus célèbre (An die ferne Geliebte) et l’opus 48, sans titre, sur des poèmes de Christian Fürchtegott Gellert. Et d’autres encore, recueils brefs, ou Lieder indépendants, „An die Hoffnung“ (À l’espérance), opus 94 ou le beau et frémissant Adelaïde (opus 46). Plus quelques-uns de jeunesse, disséminés.
Aujourd’hui nous vous proposons l’écoute de ce si charmant Lied, Adélaïde justement, écrit sur un poème du poète allemand Friedrich Mathisson.Beethoven a composé ce Lied très jeune, en 1795, – certaines esquisses ont été retrouvées dans les travaux préparés pour son professeur de contrepoint, Johann Georg Albrechtsberger – et le dédia au poète qu’il admirait immensément ! Ce n’est que quelques années plus tard, en 1800, qu’il lui fera parvenir la partition, dont Mathisson sera enthousiaste!
Le poète y parle du printemps, – “les cloches argentées du muguet sont le carillon de mai” – de l’amour passionné pour son Adélaïde, et ose jusqu’à imaginer sa tombe, sur laquelle “poussera une fleur des cendres de son coeur et sur chaque pétale pourpre brillera ton nom, Adélaïde !”
On imagine bien le jeune et passionné Beethoven mettre en musique un poème si romantique.
Ce Lied présente ceci de tout à fait particulier que le texte y est mis en musique de manière tellement parfaite et si harmonieuse que l’on éprouve en l’écoutant un véritable plaisir à ressentir la musique du langage même si on ne comprend pas une bribe d’Allemand!
Voici donc pour fêter ensemble le mois de mai ce Lied, Adélaïde, Op. 46 de Ludwig van Beethoven, chanté ici par Dietrich Fischer-Dieskau accompagné par Jörg Demus :
Sur Spotify :
Et sur YouTube, accompagné par Wolfgang Sawallisch :
Et, puisque nous parcourons un si joli chemin, en fouillant dans notre pochette surprise, allons voir que, si Mathisson a affirmé que Beethoven était le meilleur à mettre ses poèmes en musique, peut-être ne connaissait-il pas cette petite merveille de Franz Schubert, composée sur le même poème, mot pour mot, „Adelaîïde » D 95, toujours interprétée par Fischer-Dieskau accompagné par Gerald Moore :
Sur Spotify
Sur YouTube :
Et si par hasard vous avez encore envie d’une petite découverte supplémentaire, voici la transcription par Franz Liszt du Lied de Beethoven pour piano seul.
Mais dans une version tout à fait particulière ! Il s’agit d’une interprétation de Ferruccio Busoni, réalisée dans les années 1905-07, sur un appareil “Welte-Mignon”. « Il faut s’émerveiller du fait qu’en 1904, la fabrique allemande Welte & Söhne, établie à Freiburg im Brisgau, ait trouvé un procédé technique ouvrant la porte à des enregistrements qui permettaient, selon le slogan de l’époque, de reproduire les finesses du jeu personnel de chaque pianiste, sans bruit et sans distorsion. Une véritable révolution, cet appareil qui fut appelé Welte-Mignon, et qui, sans entrer dans trop de détails, consistait à retransmettre le jeu des musiciens, capté sur des rouleaux constitués de bandes de papier sous forme de bandes perforées. Dans la foulée du pianola, l’automate, comme mû par une main invisible, était monté sur des pianos droits ou des pianos à queue des plus grandes marques dont la firme Steinway. On imagine le succès de cette « mémoire musicale digitale » qui immortalisait les finesses rythmiques ou dynamiques de chacun. » (Cit)
Voici donc ce document assez extraordinaire en soi, Ferruccio Busoni nous interpréte „Adélaïde“ S 466 de Franz Liszt, „en direct“ de 1905 !
Sur Spotify :
Et sur YouTube :
Pour en savoir plus sur le Welte-Mignon :
https://www.tacet.de/main/seite1.php?language=fr&filename=welte.php
Vous trouverez aussi éditée chez Tacet toute une série impressionnante et stupéfiante d’enregistrements historiques dans la collection « The Welte -Mignon Mystery » en plusieurs volumes.
Et voilà, nous sommes arrivés à la fin de notre Perle pour aujourd’hui, mais la pochette surprise n’est pas encore vide, à vous de continuer de chercher en poursuivant les pistes que nous vous avons données !
Nous vous souhaitons de belles découvertes et vous embrassons,
Dominique et Carlo