Perle de lumière – 15

La Clef des Chants – Dragey

„O.M.N.I. (Objets Musicaux* Non Identifiés)“

*ou

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… et plus selon votre imagination

29 mai 2023

« L’homme fut sûrement le voeu le plus fou des ténèbres ; c’est pourquoi nous sommes ténébreux, envieux et fous sous le puissant soleil. »

René Char « Feuillets d’Hypnos » (1946)

Bonjour !

En ce lundi de Pentecôte, nous aimerions partager avec vous un petit extrait de l’œuvre de Don Carlo Gesualdo da Venosa. La période de Pâques avait été inaugurée par des œuvres de musiciens anglais, Gibbons et Byrd, un poète français, Pierre Ronsard, et nous la terminons ici avec l’Italie pour la musique, en y ajoutant comme d’habitude quelques épices glanées à l’aventure 😉

Don Carlo Gesualdo da Venosa (Venosa 1566 – Gesualdo 1613, dans le Royaume de Naples) a longtemps été connu plus pour sa vie sulfureuse – il avait assassiné sa propre femme et son amant, un crime passionnel donc – ainsi que pour son rang princier que pour ses talents de compositeur. Il était en effet prince de Venosa et descendant direct des rois de Sicile. Sa richesse lui permit de son vivant de publier toutes ses œuvres sans avoir à se préoccuper ni du goût du public ni de celui d’éventuels commanditaires !!! Il a écrit surtout de la musique vocale, dont la plupart profane, et une plus petite partie, écrite plutôt vers la fin de sa vie, religieuse (peut-être éprouvait-il le besoin de se faire pardonner sa vie de grand pécheur ?) Toujours est-il que l’œuvre dont nous allons entendre un extrait, les Tenebræ Responsoria, est tombée dans un total oubli (sans doute déjà à l’époque de son vivant, vu l’immense succès d’un certain Claudio Monteverdi…), jusqu’à ce que on en redécouvre les partitions à Naples dans les années 1950.

Et quelle découverte exceptionnelle ! Depuis, les musicologues, les musiciens et  musiciennes, les chœurs, les compositeurs les interprètent, les décortiquent et s’en inspirent à n’en plus finir ! Ces madrigaux qui décrivent la passion du Christ sont en effet d’une intensité rare, avec des chromatismes et des dissonances plutôt osées pour son époque, et même pour nos oreilles du 3ème millénaire, assez ténébreuses et fascinantes.

« En ces jours je me trouvais en Italie en compagnie de Bob Craft. Notre voyage avait un but bien précis, je me dirigeais vers un petit village niché dans la province d’Avellino, qui se trouve à quelques heures de route de Naples, dans une zone rurale plutôt sauvage et d’une certaine fascination : l’Irpinia. Je ne peux aller que là où mes appétits musicaux me portent, le village dont je parle se nomme Gesualdo et j’étais sur les traces de Don Carlo Gesualdo, prince de Venosa, Conte de Conza : un compositeur aussi grand qu’inquiétant ! »

Igor Stravinsky

Et voici donc la musique de ce grand Prince, en commençant par la troisième Responsoria : Ecce vidimus eum, interprétée par le Collegium Vocale Gent dirigé par Philippe Herreweghe.

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Et si vous voulez toutes les écouter (27 en tout, quand même 😉 voici le lien vers l’album complet :

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Et pour le plaisir voici une pièce instrumentale merveilleuse, la Canzone francese terza, à l’origine composée pour luth ou clavecin, ici dans une version pour consort de violes, dans l’interprétation véritablement enchanteresse  de l’ensemble L’Amoroso de Guido Balestracci :

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Et pour terminer en beauté – comme nous le disions tout à l’heure, nous aimons bien ajouter des épices par-ci par-là, comme en cuisine, dont nous sommes des passionnés d’ailleurs 😉  – voici une photo d’un chef d’œuvre d’un autre Napolitain de la même époque , Le Bernin, Gian Lorenzo Bernini, (Naples 1598 – Rome 1680) : « La Verité dévoilée par le Temps ». On y voit une merveilleuse Vérité, un pied sur le globe terrestre et tenant d’une main le soleil, mais surtout souriante, comme si la vérité était toujours lumineuse !

En vous souhaitant plus de lumière que de ténèbres, nous vous saluons amicalement,

Dominique et Carlo