Perle de lumière – 8

 La Clef des Chants – Dragey

„O.M.N.I. (Objets Musicaux* Non Identifiés)“

*ou

Magiques

Mystérieux

Multiples

Mystiques

… et plus selon votre imagination

20 janvier 2023


Dessin d’illustration des Mille et une Nuits© Sani ol-Molk (1814-1866), domaine public, via Wikimedia Commons

 

 

Confidences

« J’aime mieux la nuit,

dit Aïcha,

Tout dort et je puis pleurer en silence.

J’aime mieux le jour,

dit Zeineh,

Tout est joie et ma peine reste inaperçue. »

Ghazel (poème persan) anonyme – traduction Marguerite Ferté

Ce week-end ont lieu les nuits de la lecture, sur le thème de la peur. Nous allons avec les Perles de Lumière donner notre petite contribution à ce bel événement organisé par le CNL, le centre national du livre, dans toute la France.

Pour ceux qui veulent en savoir plus ou même qui auraient le temps ou l’envie de participer à ces nuits aventureuses, aux événements physiques ou numériques organisés à cette occasion voici leur site : www.nuitsdelalecture.fr

 

Quant à nous, plongeons-nous avec délice dans notre Perle du jour, qui a bien entendu, comme toujours le thème de la musique et de la littérature, mais aussi de la peur cette fois-ci. De quoi s’agit-il ?

Eh bien rien de moins que d’une jeune femme menacée de mort – quelle horreur ! -, qui sait qu’elle va vivre sa dernière nuit, …  à moins de ne trouver quelque subterfuge pour s’en sortir… nous avons nommé : Schéhérazade !

L’héroïne des Mille et Une Nuits dont nous avons bien entendu toutes et tous entendu parler !

Cette femme que le Sultan a décidé de tuer, comme toutes les précédentes, après la première nuit passée avec lui, et qui, pour échapper à sa condamnation à mort, le tiendra en haleine pendant mille et une nuits avec des histoires qu’elle inventera nuit après nuit, lui promettant toujours la fin de l’histoire la nuit suivante ! Quelle magnifique métaphore de la lecture, de la littérature, de la poésie, n’est-ce pas ?

Et qui a dit que l’art, la musique, la beauté, sont futiles ? La futilité est ce qui nous permet de survivre !

L’héroïne Shéhérazade traverse les époques à travers le regard de plusieurs grands artistes comme Magritte. Lui

interprète le personnage de Shéhérazade, ne représentant que ses yeux et sa bouche entourés de perles.

Visible, invisible ?

Il choisit de nous montrer un visage dont il ne reste que l’essentiel, les portes qui lient l’intérieur de l’être avec le reste du monde. Les perles rappellent la condition privilégiée de Shéhérazade, qui n’est autre que la fille d’un grand vizir et donc une princesse cultivée tandis que les yeux représentent le miroir de l’âme, notre regard sur notre condition et celle des autres, ils créent un lien entre la peinture et le spectateur. La bouche est l’unique passage du langage oral que l’anthroposophe Rudolf Steiner qualifie de miroir de l’homme, la richesse culturelle du monde se perpétue par cet organe.


Schéhérazade, 1957, René Magritte

“Je veille, dans la mesure du possible, à ne faire que des peintures qui suscitent le mystère avec la précision et l’enchantement nécessaire à la vie des idées.”

René Magritte

Et bien entendu, les compositeurs ne sont pas en reste, eux aussi bien inspirés par cette merveilleuse figure féminine de Schéhérazade, comme par exemple Maurice Ravel. Mais c’est le compositeur russe Nicolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) qui retient notre attention aujourd’hui, et son poème symphonique Op. 35 « Schéhérazade ».

Peut-etre un peu à cause de l’histoire d’amour entre le violon et Dominique, une longue passion qui a connu bien des sources, dont l’une fut sans l’ombre d’un doute l’écoute de cette fascinante et envoûtante Schéhérazade-là ! À la fin du concert, la petite Dominique d’alors, plus ou moins douze ans, dit à sa mère : « maman, quand je serai grande je veux faire la même chose que le monsieur, là ! » en montrant du doigt (la vilaine !) le violon solo de l’orchestre qui venait à peine d’interpréter cette musique magique !

En la réécoutant des années plus tard, on peut se demander pourquoi elle a flashé sur le violon, alors qu’on trouve dans cette œuvre de Rimski-Korsakov de bien beaux solos de hautbois, de flûte, de harpe, de violoncelle et j’en passe. Mais non : le violon, un point c’est tout 😉 – le violon, auquel Rimski-Korsakov offre ici un morceau de roi, il faut quand même  l’admettre !

 

Voici le premier tableau de l’œuvre, « La mer et le vaisseau de Sinbad », avec l’Orchestre de la Suisse Romande dirigé par Armin Jordan

YouTube :

 

Spotify :

 

Et pour ceux parmi vous qui sont insomniaques ou qui disposent de plus de temps  voici la vidéo avec tout le poème, (comptez quand même 45 minutes environ) composé de « La mer et le vaisseau de Sinbad », « Le récit du prince Kalender », « Le jeune prince et la jeune princesse », « Fête à Bagdad – La mer – Le vaisseau se brise sur un rocher surmonté d’un guerrier d’airain », avec les mêmes interprètes.

 

Seulement sur YouTube :

 

Bonnes « nuits de la lecture » à vous, sans trop de frayeur quand même !

 

Dominique et Carlo