La Clef des Chants – Dragey
„O.M.N.I. (Objets Musicaux* Non Identifiés)“
*ou
Magiques
Mystérieux
Multiples
Mystiques
… et plus selon votre imagination
8 février 2023
« Tout ce que l’artiste peut espérer de mieux,
c’est d’engager ceux qui ont des yeux
à regarder aussi. »
George Sand – de « La Mare au diable »
Bonjour, nous revoilà !
Sentez-vous aussi le printemps ?
Ce désir profond de se laisser caresser par un rayon de soleil, d’apercevoir un petit bourgeon vert qui cherche à percer le froid, cette envie de chaleur, de se laisser aller à nouveau à un peu de joie simple dans une nature illuminée et chaleureuse…
Mais il faut attendre, patienter toujours, le froid nous mord encore et parfois cette tristesse toute hivernale nous submerge, et notre besoin de réconfort se fait sentir…
Il est alors temps d’écouter un peu de Chopin ! Cette sublime musique qui nous emmène très, très loin au fond de notre âme, au creux de notre tristesse, de notre nostalgie, et y découvre là, si profond, un trésor insoupçonné de joie de vivre, de force vitale, qui va creuser là où nous pensions ne plus rien découvrir et miracle, oui, un feu infini y brûle et nous éclaire, nous réchauffe.
Peut-être que vous penserez qu’on exagère ? Que c’est du romantisme bon marché ?
Nous vous disons : essayez !
Au pire vous aurez perdu quelques minutes… au mieux, vous allez jubiler !
Voici alors le deuxième mouvement du premier concerto de Frédéric Chopin, en mi mineur, Op. 11, la « Romance.Larghetto ». Il est ici interprété par Maurizio Pollini accompagné par le Philarmonia Orchestra dirigé par Paul Kletzki.
Cet enregistrement, qui date de 1960, est particulièrement intéressant, si l’on pense qu’il date de fin avril 1960, quelques mois après que Maurizio Pollini ait remporté le premier prix au concours Chopin à Varsovie. Après cet immense succès, il avait alors à peine 18 ans, Il se retira de la scène durant plusieurs années, pendant lesquelles il se perfectionna avec Arturo Benedetti Michelangeli !!!
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Et comme texte aujourd’hui un extrait de l’« Histoire de ma vie » de George Sand, qui fut la compagne des huit dernières années de la vie de Chopin : :
« Il est une autre âme, non moins belle et pure dans son essence, non moins malade et troublée dans ce monde, que je retrouve avec autant de placidité dans mes entretiens avec les morts, et dans mon attente de ce monde meilleur où nous devons nous reconnaître tous au rayon d’une lumière plus vive et plus divine que celle de la terre.
Je parle de Frédéric Chopin, qui fut l’hôte des huit dernières années de ma vie de retraite à Nohant sous la monarchie.
Le génie de Chopin est le plus profond et le plus plein de sentiments et d’émotions qui ait existé. Il a fait parler à un seul instrument la langue de l’infini; il a pu souvent résumer, en dix lignes qu’un enfant pourrait jouer, des poèmes d’une élévation immense, des drames d’une énergie sans égale. Il n’a jamais eu besoin des grands moyens matériels pour donner le mot de son génie. (…) Il n’a pas été connu et il ne l’est pas encore de la foule. Il faut de grands progrès dans le goût et l’intelligence de l’art pour que ses œuvres deviennent populaires. Un jour viendra où l’on orchestrera sa musique sans rien changer à sa partition de piano, et où tout le monde saura que ce génie aussi vaste, aussi complet, aussi savant que celui des plus grands maîtres qu’il s’était assimilés, a gardé une individualité encore plus exquise que celle de Sébastien Bach, encore plus puissante que celle de Beethoven, encore plus dramatique que celle de Weber. Il est tous les trois ensemble, et il est encore lui-même, c’est-à-dire plus délié dans le goût, plus austère dans le grand, plus déchirant dans la douleur. Mozart seul lui est supérieur, parce que Mozart a en plus le calme de la santé, par conséquent la plénitude de la vie.
Chopin sentait sa puissance et sa faiblesse. Sa faiblesse était dans l’excès même de cette puissance qu’il ne pouvait régler.(…). Sa musique était pleine de nuances et d’imprévu. Quelquefois, rarement, elle était bizarre, mystérieuse et tourmentée. Quoiqu’il eût horreur de ce que l’on ne comprend pas, ses émotions excessives l’emportaient à son insu dans des régions connues de lui seul. »
Nous vous souhaitons un bon feu,
À bientôt,
Dominique et Carlo